Contexte
Dans cet article, nous nous aventurons dans un terrain volontairement provocateur, où le wokisme et la déconstruction, ces courants de pensée souvent perçus comme des forces subversives, sont comparés à l’arme nucléaire. Bien entendu, rien n’est à prendre au pied de la lettre. Nous sommes avant tout dans le cadre d’une fiction juridique, dans un univers fictif où les analogies se tissent à grand renfort de métaphores. Ce parallèle entre la pensée déconstructiviste et l’arme nucléaire est avant tout un choix stylistique et rhétorique assumé, destiné à capturer l’attention, tout en provoquant une réflexion sur les dérives potentielles de ces idéologies dans un monde où les discours sont parfois aussi dévastateurs que la bombe H.
2035, nous sommes dans un monde étrange, décalé, où les idées ont plus de poids que des tanks, plus de destruction qu’une bombe atomique. Ici, on ne se contente pas de tuer des corps, on déchire les esprits, on fait sauter les fondations mêmes de la société, comme si les structures étaient fragiles comme du verre soufflé. Et parmi toutes ces idées, il y en a une qui flotte dans l’air comme une brume toxique, une idée qui déconstruit tout, même les certitudes les plus ancrées. La déconstruction. C’est une arme nucléaire. On pourrait détruire des civilisations entières avec ça. Elle a la capacité de tout faire sauter : l’État, la famille, la morale, et surtout l’individu. La pensée de Derrida, dans ce monde, elle est plus qu’une simple pratique philosophique. Elle est une arme. Et les gens qui l’utilisent, ceux qui la propagent, sont ceux qui contrôlent les esprits.
Le professeur Eris, elle, n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Elle est brillante, trop brillante peut-être. Agrégée de philosophie, avocate de surcroît, et directrice de campagne pour Sam, un homme d’affaires véreux ayant su se frayer un chemin dans la politique. Dans certains cercles, on chuchote que c’est un pédophile notoire. Il a des goûts bien particuliers. Les jeunes, les éphèbes, vous voyez le genre. Pas de jugement moral ici, pas pour nous. Nous sommes dans ce monde où les idées, même les plus immorales, sont à la mode, et où il faut les vendre pour obtenir le pouvoir.
Eris et Sam, c’est le duo de choc. Ils sont à la tête d’un mouvement qui pousse pour une libération des minorités sexuelles, une espèce de révolution où les lois de la majorité sexuelle sont redéfinies. Et, au passage, ils prônent une réduction de l’âge légal du consentement comme à l’époque où les intellectuels français, de Matzneff à Derrida, en passant par Sartre, de Beauvoir, Foucault et Barthes défendaient dans les colonnes du « Monde » à la fin des seventies, les idées de dépénalisation des relations entre les adultes et les jeunes prépubères. C’est leur cheval de bataille. On dirait que le but est de détruire tout ce qui peut encore rester de moral, de cohérent. Rien n’est sacré. Ils sont là pour pulvériser, pour chambouler tout ce que la société a mis en place pour tenter de garder une forme de structure.
Au Cameroun, avec leur parti politique, ils participent aux législatives. Inutile de préciser qu’ici, ces idées sont nouvelles, perturbantes, inconfortables. Ici, dans les rues poussiéreuses et bruyantes, où la politique est souvent une danse macabre entre les puissants et ceux qui n’ont rien, ils ont commencé à diffuser leurs idéaux lors de meetings publics. Ils parlent de déconstruction, de redéfinir le consentement, de casser l’architecture sociale de la famille et du corps. Et les gens, certains parmi la foule, croient que c’est la liberté qu’ils ont toujours attendue. Sam parle avec une verve perverse et sur les plateaux télévisés, il déblatère des discours savamment élaborés par Eris. Leurs discours sont des armes déguisées en espoirs pour un peuple en quête de rupture et de changement.
Eris, la figure intellectuelle, aime les petites phrases sophistiquées, les citations philosophiques. Elle les balance dans les foules comme des bombes à retardement. « L’identité est une construction sociale, une fiction imposée par l’autorité », dit-elle. Elle sait que ces mots résonneront chez ceux qui veulent croire en la liberté, mais qui n’ont aucune idée de ce qu’ils sont en train d’approuver. Sam, de son côté, veille dans l’ombre, prêt à tirer parti de tout ce qui pourrait lui donner plus de pouvoir. Il a des mains sales, mais dans ce monde, tout se monnaie. Et lui, il a bien compris que le pouvoir réside dans l’idée. L’idée qui peut infecter les esprits, faire éclater les convictions, et renverser les structures.
Dans ce Cameroun fictif, les meetings sont des arènes où les gens viennent chercher quelque chose. Mais ce qu’ils trouvent, c’est bien plus que ce qu’ils imaginaient. Une arme déguisée en liberté. Une destruction déguisée en révolte. Et les idées, vous savez ce qu’elles font dans ce monde-là ? Elles dévorent, elles écrasent, elles ne laissent rien derrière elles. Le professeur Eris et Sam, avec leur vision déformée du monde, ne sont que les « (an)architectes » d’une ruine intellectuelle qui se fait de plus en plus grande. Soutenus par la communauté internationale, ils ont fière allure dans l’espace public, eux qui se veulent les porte-paroles des laissés pour compte, avec leur propos prônant la « différance ».
Les idées de déconstruction, si vous voulez, ce sont des bombes H en puissance. Les premières victimes ? Les idées, bien sûr. Elles sont comme les tissus humains pris dans la chaleur d’un souffle nucléaire. Vous commencez à déconstruire l’idée de l’ordre naturel des choses, la structure sociale, familiale, morale — tout. Puis vous glissez dans un monde où rien n’est plus stable, où tout est remis en question, où l’on vous dit que tout est un récit, que tout est une construction. Que la famille, l’amour, le mariage, tout ça, n’est qu’un assemblage de mots creux, une illusion créée par la société pour maintenir un ordre qu’il faut à tout prix questionner.
Au début, les gens ne comprennent pas. Ils n’entendent pas la déflagration de la bombe. Mais l’onde de choc est là, invisible, insidieuse. Elle se diffuse, se propage, comme les rayons d’une explosion atomique qui rongent l’ADN même de la pensée. La famille se dissout. La structure sociale se fissure. Les individus, ces unités solides et bien définies, commencent à se morceler. L’unité familiale ? Décomposée. L’idée même d’une base solide, d’une structure de valeurs partagées, foutue. Vous voulez un père et une mère ? Une cellule familiale ? Non. Tout ça, c’est du vent. L’hétérosexualité, le mariage, les rôles sociaux traditionnels — tout ça c’est de la merde que les structures de pouvoir ont imposée pour vous contrôler. Et vous avez beau vouloir vous accrocher à des vestiges de cette réalité, ça ne sert à rien. La déconstruction, comme la chaleur d’une explosion nucléaire, finit toujours par vous ronger, vous faire tomber en cendres.
Prenez les individus. Vous vous retrouvez dans une société où personne ne sait plus qui il est, qui il veut être. Où les frontières entre le réel et le virtuel, le vrai et le faux, s’estompent dans un chaos absolu. Les identités se liquéfient. Vous êtes ce que vous voulez être, ou ce qu’on vous dit d’être. Et le pire dans tout ça, c’est que vous n’avez même plus d’armes pour vous défendre. Parce que tout ce que vous croyez être vous-même, tout ce que vous croyez être la société, la famille, la culture — tout ça, est considéré comme étant des constructions, des façades, des récits fabriqués par des institutions, par des groupes de pouvoir. Et c’est ce qu’Eris vend, avec sa voix douce et perverse. Elle pulvérise les certitudes avec un sourire, un mot. “La famille, c’est une construction sociale”, “Les genres sont des catégories imposées”, “Le consentement n’est pas un fait naturel mais une construction discursive”.
Les esprits ? Ceux qui écoutent, ceux qui veulent croire qu’ils sont libres d’abandonner leurs chaînes sociales, d’enlever les murs de la maison où ils ont grandi, ce sont eux qui sont les premiers à exploser. Leur pensée est fragmentée, divisée. Leur identité, autrefois forgée sur des principes solides, part en morceaux. Ils se regardent dans le miroir et ils ne savent plus qui ils sont. Les repères explosent. Le cancer de la déconstruction s’installe dans leurs cerveaux comme une métastase, nous rappelant l’éloge du cancer fait par Maurice Blanchot dans L’écriture du désastre, il se propage sans bruit, il ronge tout, et à la fin, vous vous retrouvez avec une société d’individus atomisés, incapables de se tenir debout, désorientés, où tout le monde doute de tout, où tout est sujet à débat, à déconstruction.
Les enfants, qui n’ont jamais eu l’occasion de s’accrocher à une réalité solide, qui ont vu leurs parents et leurs éducateurs se défaire d’eux-mêmes, sont les plus dévastés. Une génération entière qui se dissout dans un bain de confusion morale. Qui va leur enseigner la stabilité ? Qui va leur dire ce qui est juste et ce qui ne l’est pas ? Personne. Parce que tout est à déconstruire. Et dans ce monde de déconstruction, la seule chose qui reste, c’est le néant.
La déconstruction, dans ce monde, n’est pas simplement un processus de réflexion intellectuelle. C’est une arme, et elle détruit plus efficacement que n’importe quelle bombe. Plus rapidement. Parce qu’une fois que l’esprit est contaminé par cette idée qu’il n’y a rien de fixe, rien de fondé, tout est en perpétuel mouvement, tout devient insensé, et vous n’avez même plus le langage pour remettre les choses en place. Les repères, une fois explosés, sont irrécupérables. Le professeur Eris et Sam, en semant ces graines de déconstruction, ne font rien d’autre que de décomposer un monde, un à un, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Et dans les ruines de cette destruction, ce n’est pas la liberté qui apparaît, mais une désolation totale, où les esprits sont des épaves flottant sur un océan d’incertitude tel l’atoll de Bikini fraichement irradié, sans port, sans direction. C’est ça, la déconstruction. Une bombe H dans l’esprit humain dont l’inversion des valeurs est la conséquence à redouter.
« La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. » Georges Orwell, 1984.
Le contexte étant posé, délaissons quelque peu Eris et Sam et faisons un saut dans le temps afin de mieux comprendre leurs fondements idéologiques.
I – La Déconstruction philosophique et son évolution vers le “Wokisme”
La déconstruction est un terme qui défie toute tentative de définition rigide ou systématique. À l’opposé des démarches philosophiques analytiques, qui cherchent à circonscrire un concept de manière claire et précise, la déconstruction se refuse à toute définition fixe. La déconstruction est une approche, une pratique philosophique née à la fin du XXe siècle, principalement associée au philosophe français Jacques Derrida s’inspirant des travaux de Heidegger, bien que ses racines puissent également être retracées à d’autres penseurs de la tradition post-structuraliste, comme Michel Foucault, Gilles Deleuze, et Jean-François Lyotard. Initialement ancrée dans les études littéraires et la critique des structures de pouvoir sous-jacentes aux textes, la déconstruction a progressivement trouvé son application dans une série de domaines allant de la politique à la sociologie, avant de devenir un vecteur central des mouvements sociaux contemporains, particulièrement à travers l’émergence du “wokisme”. Cette évolution, souvent critiquée, repose sur une remise en question radicale des normes sociales, culturelles et politiques établies, allant jusqu’à la refonte totale des valeurs et des structures humaines.
- La philosophie de la déconstruction : Genèse et principes fondamentaux
La déconstruction, en tant que méthode philosophique, a été formulée principalement par Jacques Derrida à partir des années 1960. Son objectif premier était de déconstruire les oppositions binaires qui structurent la pensée occidentale, telles que celles entre parole et écriture, présence et absence, ou encore homme et femme. Derrida soutenait que ces oppositions ne sont pas naturelles ni universelles, mais qu’elles sont créées et renforcées par des systèmes de pouvoir et des hiérarchies sociales.
Le terme “déconstruction” renvoie à une critique des présupposés sous-jacents dans les textes, en particulier les textes philosophiques et littéraires. Derrida utilisait cette méthode pour examiner comment les significations étaient construites à travers des mots et des concepts, souvent de manière à maintenir des structures de pouvoir invisibles. Selon lui, les textes philosophiques et culturels contiennent des “écarts” et des “contradictions internes” qui, une fois mis en évidence, révèlent les tensions et les structures cachées de domination.
Derrida a ainsi proposé que la déconstruction ne soit pas simplement une destruction des textes ou des idées, mais plutôt une manière d’ouvrir ces textes à de nouvelles interprétations et possibilités, tout en montrant que le sens n’est jamais fixe ni stable. La déconstruction visait à exposer les relations de pouvoir implicites dans la construction des concepts et à exposer l’instabilité même des structures de pensée. Les « déconstructivistes » ont toujours défendu le fait que déconstruction ne rime pas avec destruction, bien qu’inspiré de la « Destruktion » portant sur la notion de temps de Heidegger.
Références clés :
- Derrida, Jacques. De la grammatologie. (1967). Dans cet ouvrage, Derrida critique l’importance que la philosophie occidentale a attribuée à l’écriture et à la parole, inversant l’héritage structuraliste et mettant en lumière le rôle subversif de l’écriture dans l’établissement de la pensée.
- Heidegger, Martin. Sein und Zeit. (1927). Sein und Zeit (Être et Temps) est l’œuvre phare du philosophe allemand Martin Heidegger, publiée en 1927. Dans cet ouvrage, Heidegger explore la question fondamentale de l’être, en se concentrant sur l’existence humaine qu’il décrit comme “être-là” (Dasein). À travers une analyse ontologique, il cherche à dévoiler le sens de l’être et la manière dont l’homme se rapporte au monde, à l’autre et à sa propre finitude. Sein und Zeit marque un tournant majeur dans la philosophie contemporaine, influençant profondément la phénoménologie, l’existentialisme et la pensée herméneutique.
- Les Protagonistes : Derrida, Foucault, et les autres
Si Jacques Derrida est sans doute le principal artisan de la déconstruction en philosophie, d’autres penseurs post-structuralistes ont largement contribué à cette mouvance, en particulier Michel Foucault, dont les idées sur le pouvoir et les structures sociales ont influencé le développement de la déconstruction dans le contexte social et politique.
- Michel Foucault : Bien qu’il n’ait pas réellement utilisé directement le terme “déconstruction”, l’œuvre de Foucault s’inscrit parfaitement dans cette démarche. Son analyse des discours et des institutions (comme l’hôpital, la prison ou la psychiatrie) a révélé comment ces structures construisent et maintiennent des systèmes de pouvoir, tout en écrasant les voix et les alternatives. Foucault voyait la société comme étant gouvernée par des “discours” qui façonnent les subjectivités humaines et les hiérarchies sociales.
- Gilles Deleuze et Félix Guattari : Leur travail, notamment dans Capitalisme et Schizophrénie (1972), se concentre sur les concepts de rhizome et de déterritorialisation. Ces concepts déconstruisent l’idée d’un système centralisé et stable et proposent plutôt une vision de la pensée et de la société comme étant multiples et en constante évolution.
Références clés :
- Foucault, Michel. Surveiller et punir (1975). – Une étude sur les institutions et la manière dont elles exercent le contrôle social.
- Deleuze, Gilles et Guattari, Félix. L’Anti-Œdipe (1972). – Un ouvrage fondamental pour comprendre leur critique de la structure sociale.
- L’évolution vers le wokisme : Du post-structuralisme à la politique sociale
Le wokisme, tel qu’il est compris aujourd’hui, peut être vu comme une évolution directe de certaines idées déconstructivistes appliquées à la politique, à la culture et aux rapports sociaux contemporains. Le wokisme est une forme d’activisme social qui se concentre sur la justice sociale, la reconnaissance des minorités et l’égalité des droits, mais qui, dans sa forme la plus extrême, applique de manière rigide les principes de déconstruction pour remettre en cause non seulement les hiérarchies sociales mais aussi les concepts fondamentaux de l’identité humaine.
- La Politique de l’identité et la déconstruction des normes sociales : Le wokisme fait une lecture déconstructiviste des catégories d’identité telles que le genre, la race, la classe sociale, et l’orientation sexuelle. Il ne s’agit pas simplement de défendre des droits, mais de remettre en cause les structures mêmes qui produisent ces identités. Cela inclut des critiques de la famille traditionnelle, de la notion de méritocratie, et même de l’architecture des institutions politiques.
- La dérive vers la polémique et la censure : Cependant, tout comme la déconstruction philosophique est accusée de détruire sans reconstruire de manière viable, le wokisme a souvent été critiqué pour sa tendance à favoriser une forme de censure (notamment “cancel culture“) et d’intolérance à l’égard de ceux qui ne partagent pas ses vues. Dans ce contexte, des débats philosophiques et politiques deviennent souvent impossibles, car de nos jours, la déconstruction ne laisse que peu de place à la réconciliation ou à la reconstruction des idées.
Références clés :
- The Madness of Crowds: Gender, Race and Identity par Douglas Murray (2019) – Une critique du wokisme, souvent cité dans le débat autour des excès de la déconstruction appliquée aux politiques identitaires.
- La Déconstruction comme force de transformation sociale et culturelle
L’émergence du wokisme, en tant qu’application radicale des principes déconstructivistes, démontre la puissance, mais aussi les dangers potentiels de cette philosophie. Alors que la déconstruction, dans son sens originel, cherche à libérer la pensée des structures dominantes, dans sa forme contemporaine, elle semble parfois conduire à des formes de pensée rigides et destructrices, où tout aspect de la culture et de la société peut être perçu comme une construction oppressive à déconstruire. C’est cette radicalisation qui rapproche le wokisme à des formes extrêmes de déconstruction, souvent comparées à une forme de “destruction” sociale, tant par les idées qu’elles promeuvent que par les tensions qu’elles génèrent dans les sociétés modernes.
Ainsi, bien que la déconstruction ait permis une réflexion profonde et nécessaire sur les structures de pouvoir et d’oppression, son application politique extrême dans le wokisme soulève des interrogations sur les conséquences sociales et humaines d’une telle approche. La question demeure de savoir si cette déconstruction radicale, tout comme une arme de destruction massive, peut ou non être maîtrisée pour un bien collectif sans provoquer des dommages irrémédiables à la structure même de la société.
II- Parallèle entre la philosophie de la déconstruction et l’arme nucléaire
L’idée d’un parallèle entre la déconstruction philosophique (notamment dans ses dérives actuelles, telles que le wokisme dans sa forme la plus radicale) et l’arme nucléaire peut sembler provocatrice, mais elle permet de soulever des questions fondamentales sur les effets profonds et irréversibles que ces deux puissances — l’une idéologique et l’autre physique — peuvent avoir sur la société et l’humanité. Ce parallèle repose sur des analogies entre les origines, l’évolution, les effets et les dangers de l’arme nucléaire et des philosophies de déconstruction.
- Origines : L’émergence de deux puissances déstabilisatrices
L’arme nucléaire : L’arme nucléaire trouve ses origines dans les années 1940, au moment où des scientifiques, comme Albert Einstein et Robert Oppenheimer, ont découvert que la fission de certains atomes, notamment l’uranium, pouvait libérer une quantité d’énergie colossale. Ce développement a rapidement été militarisé, aboutissant à la première explosion nucléaire en 1945, et plus tard, à la prolifération des armes nucléaires. Les scientifiques étaient animés par une quête de connaissance et de progrès, mais l’arme nucléaire est devenue un instrument de destruction massive, une force capable de raser des civilisations entières en un instant.
La déconstruction philosophique : La déconstruction, quant à elle, naît dans les années 1960 avec les travaux de Jacques Derrida et d’autres penseurs post-structuralistes comme Michel Foucault. Ces philosophes cherchaient à libérer la pensée des structures rigides et des hiérarchies établies, notamment en critiquant les oppositions binaires (comme raison/émotion, nature/culture, homme/femme). À travers la déconstruction, les penseurs visaient à révéler les ambiguïtés et les contradictions dans les systèmes de pensée traditionnels, espérant ainsi ouvrir la voie à de nouvelles formes de liberté et d’expression.
Cependant, tout comme la recherche scientifique qui a mené à la bombe nucléaire, la déconstruction a évolué au-delà de ses intentions initiales. Dans sa version extrême, elle a donné naissance à des mouvements sociaux comme le wokisme, qui cherche à déconstruire radicalement les structures sociales, culturelles et politiques, souvent au détriment de la stabilité sociale et du dialogue civilisé. Ce processus semble de plus en plus déstabiliser les fondements mêmes de la société.
- Évolution : De l’intention à la dérive radicale
L’arme nucléaire : À ses débuts, l’arme nucléaire a été vue comme un moyen de prévenir la guerre, notamment avec la doctrine de la dissuasion nucléaire. L’idée était que, en raison de sa capacité de destruction absolue, personne n’oserait utiliser l’arme nucléaire, créant ainsi un équilibre précaire. Cependant, cette force immense est rapidement devenue incontrôlable, car même si l’arsenal nucléaire servait de moyen de dissuasion, il a également entraîné une course aux armements, une montée de la paranoïa internationale et une instabilité géopolitique accrue.
La déconstruction philosophique : La déconstruction philosophique, qui visait à déstabiliser les systèmes de pensée oppressifs, a progressivement évolué pour devenir une forme de militantisme social et culturel. Le wokisme, comme version contemporaine et radicale de cette déconstruction, est devenu une force qui, au départ orientée vers une quête d’égalité et de justice, tend à déconstruire de manière absolue les bases de la société, y compris les concepts d’identité, de culture et de communauté. En cherchant à effacer les “structures de pouvoir” existantes, cette approche déstabilise l’ordre social établi, créant des fractures profondes dans les relations humaines, le discours public et même les institutions.
- Effets : Des changements de grande ampleur, irréversibles et destructeurs
L’arme nucléaire : L’effet de l’arme nucléaire est instantané et dévastateur. En plus de la destruction immédiate qu’elle provoque, elle laisse des effets durables sur l’environnement, la santé humaine et la géopolitique mondiale. La bombe atomique, une fois utilisée, dévaste toute la matière vivante et non vivante dans son rayon d’action. Les radiations contaminent la terre pour des siècles, affectant l’humanité bien après l’attaque, et ce, de manière irréversible.
La déconstruction philosophique : L’effet de la déconstruction, en particulier dans sa forme radicale, est également à la fois dévastateur et irréversible, bien qu’il opère à une échelle différente. Le wokisme, en tant que mouvement de déconstruction sociale, s’attaque aux fondements mêmes de la société, en déconstruisant des concepts de culture, de famille, d’identité, et de normes sociales. De la même manière que l’arme nucléaire détruit le tissu physique d’une nation, le wokisme attaque la cohésion sociale et l’identité collective. Les fractures sociales se creusent, les communautés se divisent, et les dialogues deviennent de plus en plus polarisés. La déconstruction des institutions traditionnelles, de la famille ou de l’éducation produit des conséquences qui affectent profondément l’intégrité des sociétés humaines et le tissu social.
L’arme nucléaire, par sa capacité à détruire la matière à un niveau atomique, représente une force irréversible qui bouleverse l’ordre naturel de l’univers. Elle n’est pas seulement un outil de destruction physique, mais un catalyseur de décomposition à une échelle fondamentale. L’idéologie de la déconstruction, telle qu’elle s’exprime à travers le wokisme, agit selon une mécanique similaire. Elle remet en question et fragmente les éléments constitutifs de la société, de l’individu, de la famille et de l’ordre social de manière si radicale qu’elle finit par altérer, voire détruire, les structures mêmes sur lesquelles repose la civilisation humaine.
- Remise en question de la famille : Tout comme l’arme nucléaire peut détruire des structures physiques, le wokisme cherche à déconstruire la famille traditionnelle, une institution de base de toute société humaine. L’idéologie déconstructiviste ignore les fondements biologiques et culturels qui ont permis à la famille de perdurer à travers l’histoire, dans le but de créer une « libération » des relations humaines, souvent au prix de la stabilité familiale.
- Déconstruction de l’individu : Dans une perspective quantique, l’arme nucléaire ne se contente pas de tuer des individus, elle détruit la structure même de la matière humaine. De même, la déconstruction des identités de genre, des rôles sociaux, et des valeurs humaines dans la pensée wokiste cherche à détruire les bases sur lesquelles se construit l’individu : les relations familiales, les rôles genrés, et les concepts de nature humaine sont tous remis en question au nom de la liberté individuelle, mais au détriment de l’identité collective.
- Les Dangers : Risques de destruction totale et de perte de contrôle
L’arme nucléaire : L’un des plus grands dangers de l’arme nucléaire réside dans son pouvoir de destruction totale et dans l’absence de contrôle une fois la guerre nucléaire lancée. Une fois qu’un pays utilise l’arme nucléaire, les autres pourraient être poussés à réagir, menant à une escalade incontrôlable. Le simple fait de posséder ces armes représente un risque existentiel pour l’humanité, car elles possèdent le potentiel d’anéantir toute forme de vie sur Terre. Leur utilisation entraîne une catastrophe d’une telle ampleur qu’il est difficile de revenir en arrière ou de réparer les dommages causés.
La déconstruction philosophique et le wokisme : Le wokisme, dans sa version radicale, présente des dangers similaires à ceux de l’arme nucléaire, mais à un niveau idéologique et social. En déstructurant les fondements de la société sans offrir de solutions viables ou cohérentes pour la reconstruction, il crée un vide idéologique et une polarisation croissante. L’intolérance à l’égard de la diversité d’opinion, la montée de la “cancel culture“, et l’effacement de valeurs traditionnelles pourraient mener à une fragmentation de la société, où les individus se retrouvent non plus en tant que membres d’une communauté unie, mais comme des entités isolées, constamment en conflit les unes avec les autres. Comme l’arme nucléaire, les idées déconstructivistes, lorsqu’elles sont poussées à l’extrême, deviennent incontrôlables et peuvent causer des dégâts irréversibles à l’ordre social.
- Conclusion : La déconstruction radicalement nocive comme “arme idéologique”
En conclusion, tout comme l’arme nucléaire représente un danger existentiel pour l’humanité en raison de son pouvoir de destruction totale, les idéaux déconstructeurs appliqués dans le cadre du wokisme peuvent être vus comme une “arme idéologique” capable de détruire les structures sociales, culturelles et humaines d’une société. Les deux forces partagent des caractéristiques de rupture radicale, d’imprévisibilité et d’effets irréversibles. Leurs origines, bien que fondées sur des principes de changement et de transformation, peuvent, une fois poussées à l’extrême, conduire à des destructions profondes, laissant des cicatrices qui dureront bien après que le conflit ou le mouvement soit passé.
Ainsi, la déconstruction, tout comme l’arme nucléaire, doit être abordée avec une grande précaution. Les effets de cette “puissance idéologique” peuvent être aussi dévastateurs que ceux d’une guerre nucléaire si elle est utilisée de manière irresponsable, sans considérer les implications à long terme pour la société. Il est impératif que les sociétés modernes équilibrent les bienfaits de la critique radicale avec la nécessité de maintenir une certaine stabilité et cohésion sociale pour éviter une fragmentation irréversible de leur tissu social.
III- Définition de la pensée wokiste et déconstructiviste : spécificités et raisons pour un cadre juridique spécifique
1. Spécificités de la pensée wokiste
Rappelons dans un premier temps que la pensée wokiste est un mouvement social et idéologique qui se caractérise par une prise de conscience accrue des injustices sociales, particulièrement celles liées aux discriminations raciales, de genre, de classe sociale et d’orientation sexuelle. Le terme “woke”, issu du jargon afro-américain, signifie “éveillé”, dans le sens d’une conscience éveillée face aux inégalités et aux formes de domination sociales. Ce mouvement s’est progressivement étendu pour inclure une critique systématique des structures sociétales, économiques et politiques qui seraient vues comme oppressives.
Les spécificités de la pensée wokiste incluent :
- L’obsession des identités et des inégalités sociales : La pensée wokiste place l’identité (race, sexe, orientation sexuelle) au centre de la discussion, en cherchant à dénoncer les discriminations systémiques. Elle prône une lutte active contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, mais de manière qui divise souvent plus qu’elle ne réunit, par une focalisation excessive sur les différences.
- La dénonciation des structures de pouvoir : En suivant les principes de la déconstruction, la pensée wokiste met en lumière les structures de pouvoir qui, selon elle, perpétuent les inégalités. Ces structures incluent les systèmes juridiques, éducatifs, politiques, et même les relations familiales.
- La “cancel culture” et la notion de rétribution sociale : En poussant l’idée de justice sociale à l’extrême, le wokisme a développé des mécanismes de “cancel culture“, où les individus ou les entités jugées coupables d’injustices sont ostracisés ou publiquement discrédités, parfois sans possibilité de rédemption.
2. Les Raisons pour l’élaboration d’un cadre juridique spécifique
Les cadres juridiques existants, tels que les lois sur la liberté d’expression, la non-discrimination, ou la protection des minorités, bien qu’essentiels pour protéger les droits fondamentaux, ne sont pas toujours adaptés pour gérer les dérives potentielles du wokisme et du déconstructivisme radical. Un cadre juridique spécifique devient nécessaire.
2.1. Un Impact social dérangeant et la fragilisation du consensus social
Les mouvements wokistes et déconstructivistes, lorsqu’ils sont poussés à l’extrême, peuvent engendrer un effet de polarisation sociale. Les débats et discussions constructives sont souvent remplacés par une logique de confrontation et d’exclusion, où les dissidents sont jugés « intolérants », « sexistes » ou « racistes » sans possibilité d’une réconciliation ou d’un dialogue. Dans ce contexte, les cadres juridiques existants qui protègent la liberté d’expression ne suffisent pas à garantir un espace de dialogue civilisé. Ce qui est paradoxal est que ces cadres juridiques, initialement conçus et promulgués pour protéger les minorités contre les abus, servent aujourd’hui de boucliers pour ces mêmes minorités, même lorsqu’elles se rendent responsables de dérives abusives. Tout ceci rend nécessaire un encadrement des discours de manière à éviter des fractures irréparables dans la société. S’il faut faire un parallèle avec le droit des sociétés commerciales, si l’ « abus de majorité » a été encadré, il est logique que l’ « abus de minorité » le soit également.
2.2. La nécessité de protéger les institutions sociales fondamentales
Le wokisme et la déconstruction s’attaquent souvent aux institutions sociales fondamentales telles que la famille, l’éducation, et même la nation elle-même. La remise en cause radicale de ces institutions peut causer des déséquilibres sociaux profonds. Par exemple, en attaquant les valeurs traditionnelles et les rôles familiaux, ces idéologies peuvent fragiliser les liens sociaux et la stabilité familiale. Le droit général ne prend pas en compte ces risques de manière spécifique, car il repose sur un cadre normatif déjà préexistant sans mécanismes de régulation idéologique.
2.3. La prolifération de discours intolérants sous couverture de justice sociale
Le wokisme peut parfois dégénérer en une forme de censure ou de suppression des opinions divergentes. Cela inclut la “cancel culture” précédemment mentionnée, qui mène à l’ostracisation sociale, parfois même professionnelle, de personnes en raison de leurs opinions politiques ou sociales. Les lois de la liberté d’expression ne peuvent pas toujours faire face à cette dynamique car elles protègent la parole, mais ne régulent pas toujours l’impact social et psychologique de la diffusion de discours intolérants sous couvert de justice sociale.
2.4. L’explosion des identités et la menace pour l’unité nationale
L’un des effets des idéologies wokistes et déconstructivistes est l’accent mis sur des identités de plus en plus fragmentées. Les catégories sociales (identité raciale, genre, orientation sexuelle) sont élevées au rang de facteurs primordiaux dans la construction de la personne. Ce phénomène de “multiplication des identités” peut mener à des tensions intergroupes et à un morcellement de l’unité nationale. Un cadre juridique spécifique serait nécessaire pour garantir que, bien que la diversité soit célébrée, elle ne conduise pas à la fragmentation de la société. Bien que les orientations sexuelles alternatives soient punies par la loi camerounaise par exemple, il n’en demeure pas moins que dans notre contexte, des protagonistes tels que Eris peuvent aisément distiller des idéaux allant à l’encontre des positions légales, sur fond de bienveillance bien-pensante. Les limites du discours doivent être spécifiquement établies.
2.5. Le relativisme moral et la dérive vers un vide idéologique
La déconstruction radicale tend à tout relativiser, y compris les normes morales. Cela conduit à un danger de déstabilisation de l’ordre public, car une société ne peut pas fonctionner efficacement si ses valeurs fondamentales (comme la justice, l’équité, et la vérité) sont constamment mises en question sans possibilité de consensus. Le droit général ne peut pas répondre à ce problème car il repose sur des valeurs de cohésion sociale largement acceptées et partagées. Un cadre spécifique serait nécessaire pour établir des frontières précises concernant la remise en cause des valeurs humaines universelles.
Compte tenu des dérives potentielles du wokisme et du déconstructivisme radical, un cadre juridique spécifique est nécessaire pour encadrer ces courants de pensée. Ce cadre ne doit pas viser à interdire la critique ou la remise en question des structures sociales, mais plutôt à prévenir les risques de division sociale extrême, de perte de cohésion nationale, et de destruction des valeurs fondamentales qui maintiennent la stabilité et l’harmonie au sein de la société. Ce cadre devrait être méthodiquement conçu pour préserver l’espace de débat intellectuel tout en établissant des limites claires là où les discours ou les actions menacent de détruire l’ordre social.
La déconstruction, pratique qui par essence conçoit le fait qu’elle puisse être elle-même déconstruite selon sa propre méthode est par nature fondamentalement porteuse d’instabilité dans toutes les structures de la pensée. La remise en question systématique de tous fondements sociaux, jusqu’aux évidences biologiques est susceptible de créer une réelle instabilité sociale. Une déconstruction sans velléité profonde de construction conduit inexorablement vers la destruction.
Les dérives de la déconstruction radicale et systématique, telle une arme nucléaire de l’esprit, ronge et déconstruit les fondations de la société, de la famille et de l’individu, laissant derrière elle un champ de ruines intellectuelles et morales ; son pouvoir de destruction, bien plus subtil, nécessite un cadre juridique capable de gérer sa force déstabilisatrice avant qu’il ne soit trop tard.
Si le tribalisme et la lutte des classes étaient encore en 2025 les obstacles à la construction de l’unité nationale, le wokisme et la déconstruction radicale viennent réduire à néant toute velléité d’édification de cette unicité de l’identité à l’échelle de la nation.
PAK.