One of the saddest part of life is when one of the person who gave you the best memories, becomes a memory.
Unknown.
Cher Confrère. Dans l’ombre de la profession, là où les plumes tremblent et les esprits vacillent, ton éclat ne cessait d’irradier, d’éblouir. Tu n’étais pas simplement un avocat. Non, tu étais l’essence même de la grandeur. Une stature physique imposante, un esprit acéré, une volonté inébranlable, le tout saupoudré d’un sens de l’équité rare mais éclatant. Qui, parmi nous, n’aurait pas été frappé de cet éclat supérieur qui, dans sa simplicité, nous invitait tous à aller plus loin, à nous dépasser, à être plus que ce que nous croyions être ?
Mon cher ami, Maître Bilong, tu étais tout cela à la fois : la rigueur du juriste, la noblesse de l’homme d’honneur, et l’intellectuel intrépide qui ne se contentait pas des évidences. Nous parlions de tout et de rien, toi, l’esprit brillant, curieux des sciences et des savoirs, assoiffé de comprendre, d’explorer. Tu avais ce goût du détail, cette soif infinie de savoir. Qui d’autre, dans ce monde de certitudes écrasantes, pouvait aborder avec une telle finesse les arcanes de la justice tout en se plongeant dans des réflexions les plus abstraites ? Oui, tu aimais ça, toi, les grands mystères. De ces mystères que certains jugent futiles, mais que toi, Maître Bilong, tu comprenais comme des clés de la vérité. Parce que tu savais que la vérité n’est jamais simple, qu’elle se cache là où on ne l’attend pas, et qu’on ne l’atteint qu’en prenant des chemins audacieux.
C’est cette audace, ce feu de volonté, ce courage de te lancer à l’assaut des challenges les plus complexes, qui te caractérisaient tant. Dans les arènes judiciaires, tu serais devenu invincible car rien ne te faisait peur, rien ne t’ébranlait, pas même la mauvaise foi d’une Eris. Ta capacité à décortiquer les plaidoiries, à élargir l’horizon des débats, à apporter des nuances là où d’autres ne voyaient que des lignes noires et blanches, faisait de toi un géant. Tu n’étais pas seulement un avocat, tu étais un phare, une lumière pour nos cadets qui cherchaient encore à percer les mystères de cette profession. Tu incarnais cet idéal auquel tout jeune avocat aspire, ce modèle de justesse, de rigueur, mais aussi d’humanité.
Et puis, il y a eu ce coup de tonnerre. Cette disparition. Arraché à la vie, à la fleur de l’âge. C’était trop tôt, bien trop tôt. Le monde judiciaire et la profession se retrouvent dévastés. Tu étais l’un de ceux qui auraient fait briller la profession sur le plus grand des horizons, l’un de ceux qui auraient conduit le barreau camerounais vers des sommets inexplorés, j’en suis convaincu. J’ai souvent imaginé ton ascension. Le futur bâtonnier, le futur Badinter… Oui, tout semblait se dessiner pour toi, comme un chemin lumineux et semé de triomphes. Tu étais fait pour être une légende. Mais voilà, la vie nous a pris cette légende trop tôt. Il nous reste le souvenir de ta grandeur, et un vide insoutenable.
Dans cet abîme, dans ce gouffre où je me perds maintenant, une idée étrange, presque folle, me traverse l’esprit. Je questionne le sens de la vie et l’éternité de la mort. Si l’immortalité quantique existe, si ce que les physiciens de l’imaginaire appellent les multivers sont réels, peut-être que quelque part, dans un autre univers, cher Confrère, tu existes encore. Peut-être que Moravec, Marchal ou Tegmark ont vu juste dans leurs théories et expériences de pensée. Peut-être que là-bas, dans ce multivers que nos esprits humains peinent à concevoir, tu es toujours cet avocat audacieux, toujours cet intellectuel brillant. Dans cette réalité parallèle, peut-être que tu n’es pas mort, que ta conscience a été transférée, qu’un autre toi poursuit l’œuvre que tu n’as pas eu le temps d’accomplir ici. Un univers parallèle où tu défends des causes avec la même ardeur, où tes pensées se déploient dans des espaces encore inconnus, là où la matière et l’esprit se mélangent comme jamais auparavant.
Que serait le traitement juridique de la mort dans un tel univers, où l’immortalité quantique serait avérée ? La mort, dans ce monde, n’aurait plus de sens absolu. Une simple procédure, une formalité, comme un document administratif. Car la conscience, à travers des mondes multiples, persiste, explore, évolue, transcende. Et toi, cher Confrère, dans ce monde quantique, serais-tu encore en vie dans un univers parallèle, en train de poursuivre ton ascension, en train de briller avec la même lumière, d’ouvrir des horizons infinis à ceux qui auraient la chance de croiser ton chemin ? Oui, j’ose imaginer cela, car dans l’immensité de l’univers, rien n’est interdit à l’imagination.
Alors, en hommage à toi, en cette étrange réflexion, je me permets de te convoquer dans ces dimensions que toi-même, avec ta curiosité insatiable, aurais certainement explorées. Car tout ce que tu as été, tout ce que tu as accompli, ne se perd pas. Non. Même dans l’impossibilité de ta présence ici, même dans la douleur de ton absence, ton esprit s’élève, s’élance, peut-être dans ces mondes parallèles. Une pensée qui persiste à travers les univers, une pensée indestructible, comme l’immortalité quantique. Cher Confrère, tu n’es pas vraiment parti. Et là où tu es, je n’en doute pas, tu fais encore ce que tu savais faire de mieux : éclairer ceux qui ont le privilège de suivre ta voie.
- Détermination des contours brumeux de la théorie de l’immortalité quantique
L’immortalité quantique, voyez-vous, c’est un de ces fantasmes un peu flous qui naissent des brumes de la mécanique quantique, des recoins sombres où la science, dans sa quête d’absolu, frôle l’incompréhensible. C’est l’idée folle, théorique pour l’instant, que la conscience humaine pourrait continuer à vivre après la mort biologique, comme un petit électron perdu dans un monde parallèle, ballotté entre des univers comme un esprit errant entre des possibles. C’est là que la mécanique quantique, avec ses bizarreries, entre en scène. Prenez la superposition quantique : cette étrange capacité d’une particule, disons un électron, à être en plusieurs états à la fois jusqu’à ce qu’on l’observe. Sujet complexe à en faire mourir d’ennui le chat de Schrödinger.
Imaginez donc que la conscience humaine, cette chose si complexe, puisse être dans plusieurs lieux, plusieurs formes d’existence à la fois, sans qu’on puisse vraiment dire où elle est. Maître Bilong, l’avocat qui comprenait à quel point la pensée était fluide, aurait sûrement trouvé dans cette idée la beauté même du chaos contrôlé, la possibilité que tout, même l’esprit humain, puisse se dédoubler, se multiplier. Mon esprit de Geek aurait bien aimé voir son méthodisme académique décortiquer ces idées sous un angle rigoureusement juridique.
Et puis il y a l’entrelacement quantique, l’idée que deux particules, liées à distance, peuvent instantanément réagir à l’état de l’autre, sans se soucier des lois de l’espace-temps. Un peu comme ces grandes idées qu’il lançait dans nos débats, avec une telle facilité, pour nous mener plus loin que nous ne pouvions aller, et que, pourtant, on sentait toujours aussi liés à lui, dans un espace commun d’échange. Que dire de la conscience, alors, quand on imagine qu’elle pourrait elle aussi se déployer dans d’autres dimensions ? Peut-être que, cher Confère, quelque part, dans un autre univers, ton esprit brille encore, intarissable, agissant, réagissant dans ce multivers d’idées, sans jamais se perdre. Voilà une belle et tragique pensée.
Mais ce n’est pas tout. Non, il y a une autre porte à franchir, celle de la fonction d’onde. C’est là que la théorie d’Hugh Everett, avec ses mondes multiples, entre dans le tableau. À chaque événement quantique, un univers parallèle serait créé, un univers où chaque décision, chaque pensée, chaque acte aurait sa propre branche d’existence. Un peu comme si, à chaque instant, nos vies se divisaient en une infinité de vies possibles, de versions de nous-mêmes. Et si, dans l’une de ces branches, Maître Bilong, cet illustre orateur continuait de défendre ses idées avec cette même vigueur, toujours plus haut, dans un monde parallèle ? Oui, peut-être que là-bas, dans un autre espace-temps, Antoine n’est pas disparu. Il vit encore.
Et pourtant, malgré tout, la science, aussi brillante qu’elle soit, n’a pas encore réussi à prouver que cette idée n’était pas juste un mirage, un rêve un peu fou, que l’on laisse planer dans les salons des grands penseurs. Car il y a un problème de décohérence quantique, un problème de taille, celui de la stabilité des systèmes quantiques à une échelle macroscopique. L’esprit humain, ce délicieux enchevêtrement d’états, tout comme la matière de notre corps, perd cette capacité à rester “quantique” dès qu’il interagit avec son environnement. Impossible de maintenir un état de superposition ou d’entrelacement dans un cerveau humain, tout comme on ne pourrait pas espérer faire tenir une idée aussi grandiose qu’Antoine l’avocat dans un simple cadre rigide et intransigeant. Il faudrait une autre dimension pour ça, un univers parallèle, mais ces univers, malheureusement, sont encore hors de portée.
Il y a aussi un manque cruel de preuves empiriques. Il n’existe pas de démonstration, pas d’expérience concluante qui prouve que la conscience puisse vraiment exister après la mort, dans un autre univers. Les dimensions parallèles, tout comme le transfert de la conscience, restent une pure spéculation. Et pourtant, quelle idée fascinante cela aurait été, non ? Cette possibilité que, quelque part, dans un autre espace-temps, ton esprit continue de se mouvoir, d’être ce que tu étais, ce que tu pouvais être.
Alors, pour l’instant, l’immortalité quantique reste dans les limbes des hypothèses spéculatives. Elle n’a ni preuve, ni forme. Mais elle reste une idée qui traverse nos esprits, comme une étoile filante pour ceux qui veulent croire qu’au-delà de la fin biologique, quelque chose reste, persiste, se poursuit. Si notre cher Confrère avait eu le temps, l’envie et les moyens de structurer ce monde avec un cadre juridique, il aurait sans doute fait face à un défi monumental : articuler une législation capable de contrôler une réalité aussi déroutante, aussi flottante, aussi tordue. Un cadre qui n’entrave pas l’épanouissement des individus, mais qui, au contraire, leur permettrait de naviguer sans trop de débris dans cette mer infinie de consciences éclatées. La question, alors, devient une question de principe, de cadre, d’autorité.
- De la Mort et de la Vie
La première pierre de l’édifice juridique serait, naturellement, la redéfinition même de la mort et de la vie. Si la conscience peut traverser des dimensions parallèles, peut-elle encore être considérée comme morte au sens classique ? Comment définir la « fin de la vie » ? La mort biologique, ce moment où les fonctions organiques cessent d’opérer, n’aurait plus aucune valeur juridique dans ce monde-là. Le critère de la fin de la vie, jusqu’à présent simple, serait alors rendu obsolète.
Maître Bilong aurait certainement introduit un cadre où la définition juridique de la personne serait élargie : la « personne » n’est plus le corps vivant et palpable, mais un ensemble de données et d’interactions, qui se déplacent entre les univers. Ce serait un glissement subtil mais fondamental. On ne parlerait plus seulement de l’individu physique, mais aussi de l’individu quantique, l’entité qui, bien qu’évoluant dans un espace-temps différent, reste juridiquement liée à son origine. Le transfert de la conscience entre différents univers parallèles aurait la même portée juridique que la naissance ou la mort biologique.
- La Continuation des Droits Personnels
Une fois la personne définie, il faut s’interroger sur la persistance des droits personnels dans les multivers. Soyons fous et imaginons qu’un individu puisse passer d’un univers à l’autre. Nous sommes dans la demeure du fictif, James Wong et Glenn Morgan en ont bien fait une œuvre cinématographique. Il n’est donc pas interdit de rêver. Si un individu est capable de passer d’un univers à l’autre, ses droits (propriété, droits civils, droits à l’image, etc.) doivent-ils se transférer également ? Mon cher Confrère, avec sa rigueur habituelle, aurait insisté pour qu’une série de règles claires garantissent la protection des droits de l’individu à travers les dimensions. L’idée de la propriété de la conscience serait un autre point fondamental : quelle version d’un individu détient la vraie propriété de l’esprit quand cet esprit peut se répliquer ou migrer entre plusieurs mondes ? La règle des droits à la succession, par exemple, deviendrait une arène de batailles juridiques, car chaque branche d’un individu dans un multivers aurait droit à ses biens matériels et immatériels. Qui serait le véritable héritier d’une telle personne, d’un tel individu quantique ? Celui dans l’univers où l’individu est décédé ? Ou l’entité vivant dans un autre univers ? La succession se complexifie.
- La Responsabilité Civile et Pénale à Travers les Multivers
Si la conscience se déplace et persiste d’un univers à l’autre, qu’en est-il de la responsabilité juridique ? Les crimes commis dans un univers donné seraient-ils imputables dans tous les univers où une version de l’individu existe ? Le meurtre, par exemple, commis dans un monde où la personne est morte, est-il toujours valide dans un autre monde où elle existe encore ? Maître Bilong aurait sans doute élaboré des principes de responsabilité transdimensionnelle où chaque version d’un individu serait tenue responsable de ses actions dans chaque univers parallèle. Cette responsabilité serait adoucie par des règles spécifiques aux voyages inter-univers, établissant une forme de “sanction progressive” : les actes d’un individu dans un univers donné se répercuteraient dans les versions parallèles, mais selon un mécanisme de pénalités graduées, à la manière de la cumulativité des peines, sauf si un univers précis manifeste son indépendance juridique. Mais cela serait-il vraiment possible ? S’il existe une infinité d’univers, cette justice universelle ne pourrait être rendue que par un être manifestement supérieur, une intelligence transcendant toutes les limites de la physique et de la métaphysique, un juge suprême que nous laisserons chacun identifier selon ses propres convictions.
- Les Conséquences Sociales et Institutionnelles : Les « Dérives Quantiques »
Dans un tel monde, où tout serait malléable, fluide, on pourrait imaginer des dérives quantiques. Des individus, par exemple, pourraient utiliser les multivers pour fuir la justice, pour recommencer sans cesse, dans un autre univers, leur parcours criminel. Ce serait un véritable défi pour la loi. Maître Bilong, en défenseur de l’ordre et de la justice, aurait sans aucun doute pris en compte cette dimension. Peut-être aurait-il conçu des lois anti-fuite quantique, des mécanismes pour « tracer » la conscience à travers les dimensions, ou des processus de redéfinition des peines, afin d’empêcher des individus de s’échapper dans des univers où leurs délits ne seraient pas considérés comme réels.
Les droits sociaux seraient également impactés. L’accès à l’éducation, à l’emploi, à la sécurité sociale, à la santé, devrait être réadapté. Un individu n’aurait plus simplement des droits en fonction de son univers originel, mais en fonction de l’ensemble des univers qu’il traverse. La question de la citoyenneté multiverselle serait soulevée, donnant lieu à des débats aussi complexes que fascinants. On pourrait imaginer un système juridique multiversel où chaque version d’un individu bénéficierait de certains droits, mais sous des règles spécifiques dictées par sa réalité d’origine.
- La Conscience et le Droit à l’Immortalité
Dans ce cadre de droit, un autre point de tension, et non des moindres, serait la notion de droit à l’immortalité. Dans un univers où la conscience n’est plus soumise aux limites biologiques, où l’individu peut naviguer à l’infini dans d’autres univers, quel serait le statut de ce droit ? Notre cher Confrère, avec son humanisme subtil, aurait reconnu que l’immortalité n’est pas simplement une question de durée : c’est une question de sens, de la valeur de chaque vie. Peut-on considérer que l’immortalité quantique serait une forme d’humanité éternelle ou bien la source de nouveaux abus, de nouveaux égarements ? Qui, en fin de compte, aurait l’autorité pour réguler cette « immortalité » ? L’individu lui-même, ou l’État du multivers ? Le droit à l’immortalité, dans un monde quantique, serait une bataille philosophique, et notre cher Confrère, homme de justice et de réflexion, en aurait sûrement été l’architecte, en quête d’un équilibre entre la liberté individuelle et les droits collectifs.
Maître Bilong Antoine Prosper Emmanuel, Tony, mon ami, mon Confrère, toi qui faisais naître des étincelles dans chaque procédure, chaque échange, chaque conversation. Que dire ? Que faire ? Quand le temps nous arrache ceux qui, comme toi, étaient faits pour écraser tout sous le poids de leur esprit, leur justesse, leur soif de vérité. Ce n’est pas juste une perte. C’est comme un grand vide, un gouffre soudain, un abîme dans lequel on tombe en se demandant si la lumière d’un tel surdoué peut vraiment s’éteindre. Mais toi, Tony, tu n’étais pas simplement fait de chair et de sang. Non, tu étais fait de lumière, d’étincelles, de réflexion pure.
La rigueur avec laquelle tu as abordé chaque dossier, la clarté avec laquelle tu as déchiffré la complexité de la vie, des hommes et de la justice… Tu étais bien plus que l’avocat que l’on respecte, tu étais l’âme même de ce que nous aspirons à être dans cette profession. Un visionnaire. Et qui sait, peut-être que dans un autre univers, dans les recoins d’une réalité encore plus évoluée, tu es là, en train de peaufiner ces théories complexes sur la justice quantique, sur l’âme humaine qui voyage à travers des multivers. Peut-être que là-bas, tu continues à explorer des dimensions infinies, à dessiner des règles pour un monde qu’on ne pourrait même pas comprendre. Et qui suis-je pour en douter ? Tony, toi qui as toujours su percevoir l’imperceptible.
Mais ici, dans notre réalité simple, dans ce monde rugueux et concret que nous partageons, tu as laissé une empreinte indélébile. La justice que tu as servie, les gens que tu as inspirés… tout ça restera gravé dans nos mémoires, bien plus vivace que n’importe quelle légende. Tu mérites de reposer en paix, Tony. Dans cette réalité, ce monde qui, bien qu’imparfait, est le seul que nous connaissons.
Old Sport, in this simple, concrete reality, you truly deserve your rest. Rest well, my dear friend. You’ve more than earned it.
PAK.